Larmes d’or, l’art de Cinabr en musique

Larmes d’or, l’art de Cinabr en musique

L’ombre et la lumière

L’artiste Cinabr est connu·e pour ses illustrations en noir et blanc sombres et surréalistes. Mettant en scène des créatures et êtres fantastiques sortis de son imaginaire, ses œuvres, si elles peuvent ne pas plaire à tous·tes, laissent rarement indifférent·e. On y trouve de nombreuses références que l’artiste aime glisser dans ses tableaux et un goût prononcé pour l’art de l’horreur fantastique. Son style proche de la gravure médiévale, avec ses infinités de petits traits qui créent des zones de clair-obscur, me touche beaucoup et évoque pour moi un folklore d’une Histoire de l’invisible, des fragments de récits rapportés de contes perdus.

Show me what you got

C’est le cas de « Aureae Lacrymae » (Larmes d’or), illustration mettant en scène une figure féminine en armure, le regard sévère, tenant dans ses bras le squelette d’un jeune enfant. L’arrière-plan semble être un champ de bataille ou un étrange monument où de nombreuses épées sont plantées dans le sol.

Cette œuvre a été pour Cinabr l’occasion de lancer un challenge appelé « Draw this in your style ». Le principe est simple, n’importe quel artiste intéressé·e propose sa propre interprétation de l’illustration, mais dans son propre style graphique. Cela donne généralement lieu à des surprises assez agréables. Je vous invite d’ailleurs à consulter et participer à des DTIYS si vous en avez l’occasion.

Je ne suis pas très doué·e en dessin, même si je continue d’essayer régulièrement. Ce que je sais faire par contre c’est de la musique. A l’instar de BanjoGuyOllie qui a initié l’idée d’illustrer en musique des gifs animés, je me suis dit que ce serait intéressant de proposer la bande son de cette puissante illustration.

Transposer le dessin en musique

La question s’est donc posée de comment utiliser les différents éléments visuels de l’œuvre pour en faire une composition musicale. Comme bien souvent, j’ai opté pour un traitement narratif. Comment en est-on arrivé à cette scène ? Que s’est-il passé avant ? Qui a perpétré cet acte et comment l’enfant s’est retrouvé dans les bras de la protagoniste. J’ai choisi dans ma petite histoire personnelle que c’était son enfant, qu’elle était partie en guerre longtemps, trop longtemps et qu’à son retour elle l’a trouvé ainsi. J’ai alors déterminé la chronologie de l’histoire et que mon morceau se situerait dans le temps juste après l’instant du dessin. Le personnage pose doucement l’enfant sur le sol et libère alors toute sa rage et sa furie pour laisser déferler une colère vengeresse sur les responsables de cet acte odieux.

Ensuite est venue la question de l’esthétique musicale et des noms comme Nine Inch Nails, Ministry, Paradise Lost ou Neurosis me sont naturellement venus à l’esprit. Un style indus-doom se prêtait parfaitement à ma petite histoire. J’ai découpé la composition en 3 parties : une introduction correspondant à une phase d’introspection, les adieux à l’enfant, une première partie de mise en place, la protagoniste s’arme physiquement et mentalement et enfin un deuxième partie libératrice où les coups fusent et les têtes tombent dans un bain de sang insensé.

Musicalement, j’ai opté pour une structure instrumentale classique du métal avec de la batterie, de la guitare avec un accordage bas et du chant growl. La signature rythmique est en 5/4 parce que j’aime bien me compliquer la vie pour aucune raison particulière.

Je ne sais pas chanter en growl, j’ai donc rusé et utilisé une technique de triche : Je chuchote dans le micro puis réalise un traitement sonore à base de distorsion et d’égalisation, ce qui crée cet effet entendu dans le morceau

Côté musique industrielle, j’ai utilisé plusieurs synthés assez rétro que j’ai repassés par un simulateur d’ampli pour les dégrader considérablement. J’ai enrichi le côté percussif à l’aide de boîtes à rythme chiptune qu’on entend en arrière-plan. Des sub-bass permettent de donner du corps au tout et un peu de rondeur.

Il n’y a que deux riffs, répétés et développés à l’aide des synthés qui s’installent progressivement. Le résultat était assez chaotique et a demandé pas mal d’heures de mixage, ce qui reste un excellent exercice. Le mastering de Julien Van Egroo, toujours mené de main de maître, a permis d’optimiser le tout et de rehausser les fréquences medium-aigües. Il a également beaucoup égalisé le morceau et lui a apporté une vraie qualité de production en plus d’une identité sonore.

Tous les DTIYS de « Aureae Lacrymae »

Des artistes talentueux·ses se sont prêté·es à l’exercice du DTIYS, notamment TeoLehog, Chatiel, et Guillaume Deloizon. D’autres encore ont participé et vous pouvez voir leur travail en cherchant #CinabrDTYIS2022 sur les réseaux sociaux ou en regardant la VOD Twitch de Cinabr qui passe tout cela en review sur sa chaîne :

Je me suis amusé·e à faire un petit sprite inspiré de Binding of Isaac histoire de participer aussi à hauteur de mes capacités. Le challenge s’est avéré plus difficile que je n’avais anticipé, mais je suis plutôt satisfait·e du résultat :

Tout savoir sur Cinabr

C’est impossible évidemment, mais je vais au moins vous proposer quelques façons de vous délecter de son travail.

Vous pouvez le·a suivre sur les réseaux sociaux, Twitter et Instagram, sur les plateformes d’art en ligne, DeviantArt et ArtStation, mais aussi assister en live à son processus créatif en suivant sa chaîne Twitch.

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